Ils ont entre 16 et 25 ans. Ils s’appellent Loan, Sarah ou encore Fanny. Certains d’entre eux ont arrêté l’école à 14 ans, d’autres ont coupé tout lien avec leur famille, ou encore sont sans emploi ni formation et n’ont plus foi en l’avenir. Leur redonner confiance en eux, leur ouvrir des portes, bref leur donner un gros coup de pouce en leur permettant de reprendre possession de leur corps et de leur esprit par l’art, tel est l’objectif de La Classe Départ.
Trois axes forts piliers du projet Classe Départ
Bruno Lajara, metteur en scène depuis plus de 20 ans, avait monté en 2001 “501 Blues”, une pièce mêlant théâtre et fiction qui mettait sur scène les ouvrières licenciées de l’usine Levi’s de La Bassée, dans le Nord. Une œuvre coup de poing qui a révolutionné le théâtre documentaire et changé en profondeur la vie de ces ouvrières. “Ce projet fut pour moi un déclic, explique Bruno Lajara. J’ai souhaité aller plus loin, accompagner la jeunesse abîmée de notre territoire. C’est comme cela qu’est née Classe Départ à Arras (62), un parcours de 7 mois qui regroupe à chaque session 12 à 15 jeunes. 180 jeunes, que l’on appelle “les voyageurs”, ont été accompagnés depuis la naissance du projet.“
Classe Départ, que les jeunes intègrent dans le cadre d’un service civique, s’articule autour de trois grands axes :
- Des enseignements artistiques – théâtre, chant, danse, écriture – donnés par une vingtaine d’artistes de la région avec pour objectifs de permettre aux jeunes de se reprendre en main, de retrouver du plaisir, de se sociabiliser en reprenant place au sein d’un groupe, de développer des savoir-être qui leur seront utiles en vue de leur réinsertion. Ces pratiques artistiques aboutissent à terme à un art-réalisation collectif, un spectacle qui est joué par les jeunes dans des structures culturelles de la région ;
- Des initiatives citoyennes : la promotion de Classe Départ est régulièrement mobilisée pour mener des activités culturelles auprès de publics “éloignés de la Culture” : quartiers défavorisés, personnes âgées, personnes en situation de handicap, réfugiés…
- La définition d’un projet d’avenir : des ateliers d’écriture menés par des artistes, au sein desquels les voyageurs sont invités à une réflexion sur leur parcours passé et futur, permettent de préparer les échanges avec des professionnels de l’insertion qui formaliseront le projet de chacun à l’issue de classe départ.
“L’art est une école du savoir-être, souligne Bruno Lajara. Au cours de ces sept mois, les jeunes se lèvent tous les matins et apprennent à se projeter dans un métier. L’employabilité, c’est le maître-mot. Nos “voyageurs” en prennent conscience petit à petit“.
Loan Hermant, un “voyageur” qui va intégrer l’école du Théâtre du Nord
Loan a 21 ans. Il fait partie de la classe 6 de Béthune. Il a découvert le dispositif Classe Départ lors d’un reportage sur TF1 et s’est dit qu’il devait saisir sa chance. Souffrant d’attaques de panique à l’idée de sortir de chez lui, manquant de confiance en lui, tétanisé par la peur, il se disait que son avenir était bouché. “J’étais en échec scolaire total. J’ai intégré Classe Départ et peu à peu, j’ai repris confiance en moi, on m’a accompagné lors de sorties au musées, j’ai appris à affronter mes peurs”, explique le jeune homme. Il a participé au documentaire-fiction qui sera diffusé le 23 juin et y interprète une chanson. Un joli pas en avant pour ce jeune homme qui a aujourd’hui un beau projet de vie : il fait partie des 14 candidats sélectionnés pour intégrer l’Ecole du Nord. 70 % des jeunes de la promotion Classe Départ trouvent un emploi ou une formation à l’issue de leur parcours. Une belle réussite.
Un projet qui a vocation à se développer sur tout le territoire des Hauts-de-France et à l’échelle nationale
Après un essaimage réussi d’Arras vers Béthune, la prochaine étape sera un ancrage du projet à Roubaix (59) et sur tout le territoire des Hauts-de-France d’ici à 3 ans. Labellisé “lauréat de la Fondation la France s’engage”, le dispositif Classe Départ sera également dupliqué dans les Yvelines et à Avignon prochainement.
Avant-première du docu-fiction “Ce sentiment d’inachevé brûle nos yeux humides” ce 23 juin
“Avec la crise sanitaire, notre projet de spectacle joué sur scène est resté en stand-by pendant 2 mois, comme le fait remarquer le metteur en scène. Mais nous souhaitions malgré tout aller au bout de notre projet, d’où l’idée de réaliser un tournage, un film historique avec la classe 6 de Béthune. Cela va être un moment fort pour ceux qui y ont participé : ils s’exposeront au regard des autres, mais le regard posé est toujours bienveillant. Le public est souvent composé de jeunes d’ailleurs.” 200 personnes sont attendues lors de cette avant-première qui aura lieu à 19 heures à Etoiles cinéma à Béthune. Des projections seront également prévues à Hénin-Beaumont, à Douai et dans d’autres villes de France.
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