Originaire de Compiègne (60) et ancienne élève de Rubika, Solène Chan-Lam, est une “Lead Texture Artist” reconnue mondialement et passée par le studio Weta Digital (Nouvelle-Zélande) de Peter Jackson, réalisateur du « Seigneur des Anneaux » et par le studio Moving Picture Company (Londres), Oscar des Meilleurs Effets Visuels en 2017.

Devenue l’une des références mondiales dans son domaine, Solène a travaillé entre-autres sur les films suivants : « Le Roi Lion » (2019), « Alien Convenant » (2017), « le Livre de la jungle » (2016 – Oscar des Meilleurs Effets visuels), « Independance Day : Resurgence » (2016), « Cendrillon » (2015) ou encore « X-men : Days of the future » (2014).

Pouvez-vous nous résumer votre parcours ?

J’ai obtenu un Baccalauréat ES (Economique et Social) avec une mention européenne au Lycée Pierre d’Ailly de Compiègne avant d’intégrer Rubika à Valenciennes en 2004 sur concours et dossier scolaire.

Après l’obtention de mon diplôme de réalisateur numérique, a l’issue de mon cursus Rubika, j’ai intégré le monde du travail, par petits contrats, sans savoir précisément quelle discipline de la 3D m’intéressait. Mélange de hasard et de chance provoquée, j’ai découvert le texturing 3D via d’autres disciplines, telle que le modeling. A partir de là, je me suis spécialisée en texturing général, puis ensuite plus particulièrement en texturing de créatures. J’ai 13 ans d’expérience à mon actif, dans de multiples industries et principalement les effets visuels pour l’industrie du film. Je suis depuis quelques années Superviseur sur des projets orientés organic texturing (créatures et caractères).

Ma passion pour mon métier m’est venue des Beaux-Arts et de peintres tels qu’Odilon Redon, Gustav Klimt, Paul Klee, depuis très jeune. Contrairement à d’autres, ma passion ne vient pas d’une fascination pour la technique, mais plutôt pour l’art traditionnel. Ce qui constitue une grande plus-value dans le milieu professionnel. Ayant été formée à la peinture à l’huile aux Beaux-Arts de Compiègne du collège au lycée, j’ai poursuivi ma quête de perfection avec des outils numériques, tout simplement. Ce qui me plait le plus dans mon métier, c’est que l’on peut toujours faire mieux.

L’expérience, le travail d’observation, le développement de l’œil font que d’une année à la suivante, on voit des choses qui ne nous étaient pas évidentes l’année précédente. La marge d’apprentissage est infinie. Le travail d’équipe, les personnalités de chacun sont également un aspect de mon activité qui me plait beaucoup. Cela a un impact direct sur la production et sa qualité.

Vous excellez dans votre métier, comment êtes-vous parvenue à ce haut niveau ? Quelles compétences et qualités cela vous a demandé ?

Déjà petite, j’étais ultra-perfectionniste. Au fur et à mesure des années, mon perfectionnisme s’est perfectionné !

Cela va de mes travaux artistiques, techniques, la communication avec les collaborateurs aussi bien à l’oral qu’à l’écrit, la manière de postuler, d’écrire mon CV.

Pour le métier de texture artist, je passe énormément de temps à observer. Je prends les commentaires de ma hiérarchie et de mes collègues pour les intégrer en bonnes habitudes de travail.

Mon standard est de prendre les commentaires les plus exigeants comme base à utiliser dans tout – ainsi, on ne pourra que très rarement me demander plus et en plus je continue d’apprendre.

En tant que superviseur, je suis une manager bienveillante et je suis ferme lorsque nécessaire. En fait, je m’adapte à mon interlocuteur, à sa compréhension, sa motivation, sa communication. Pour être un bon manager, il faut s’intéresser aux artistes avant tout. En bref, de l’humilité, de la perfection, énormément de travail, un caractère unique avec une touche d’humour – cela m’a permis d’être là où j’en suis et de continuer mon chemin.”

Pourquoi avez-vous choisi de participer à ce webinaire ?

Donner des ressources aux artistes de demain est important pour moi. Ayant appris des leçons de vie et de carrière par moi-même, je suis heureuse de les partager et d’aider. Il y a sans doute beaucoup de jeunes, qui, comme moi à l’époque, ne sont pas sûrs d’être “capables” et manquent de confiance en eux. Tout est possible si l’on s’en donne les moyens, j’en suis l’exemple. De plus, être une femme dans un milieu typiquement masculin, peut ouvrir des perspectives à quiconque peut s’identifier à mon parcours.

Ce n’est que très tard dans ma carrière que j’ai réalisé à quel point la personnalité de chacun avait un impact sur la qualité et le rythme de production (échanges avec les collègues et la hiérarchie, compréhension des briefs, corrections correctes et avec soin, ou en plusieurs fois).

Voici ce que je dirais aux jeunes intéressés par cette voie : soyez humbles, mettez votre ego de côté, travaillez en équipe, soyez sensibles, n’ayez pas peur de la charge de travail, comprenez que le cinéma est une industrie et fonctionne avec des budgets – tout cela, ce sont des clés que l’on n’apprend pas nécessairement de manière académique.”

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Rdv vendredi 8 janvier à 18 heures sur notre chaine YouTube