En septembre 2018, Alexis Tibaux remporte à 22 ans le premier prix du Concours CréaSup pour l’ouverture de sa boutique l’Atelier d’Alexis. Soutenu par la Région, le concours récompense la création et la reprise d’entreprise par les apprentis de l’enseignement supérieur en Hauts-de-France.

Meilleur apprenti de France, puis entrepreneur

Devenir chef d’entreprise, Alexis ne l’envisageait pas depuis longtemps. “Jusqu’à mes 14 ans, j’ai suivi une scolarité classique, mais j’étais ce qu’on peut appeler un mauvais élève ! Je voulais surtout trouver un métier dans lequel je pourrais m’épanouir… En troisième, j’ai demandé à effectuer plusieurs stages et j’ai découvert le métier de tapissier. Pour moi qui aime travailler de mes mains et qui suis fan des objets anciens, c’était parfait !

En sept ans, Alexis a décroché trois CAP en apprentissage : tapisserie d’ameublement en siège (il obtient même en 2012 le prestigieux titre de “Meilleur apprenti de France”), en décor et métiers divers. Il a ensuite complété sa formation par un TEPE (titre d’entrepreneur de petite entreprise) au CFA de la Chambre de métiers et de l’artisanat à Tourcoing (59) : “cette formation m’a notamment permis de réaliser une étude de marché et de me rendre compte qu’il y avait quelque chose à faire à Lille.

Commerçant de quartier

Malgré une légère inquiétude, la famille d’Alexis le soutient dans son projet. “J’ai calculé combien de fauteuils je pouvais faire tous les mois, pour délimiter un montant maximal pour le loyer. C’est comme ça que j’ai trouvé cette boutique, rue du Quai à Lille. C’est idéal, bien situé, avec un peu de passage mais pas trop !

Dans l’Atelier d’Alexis, les passants et les riverains entrent facilement et découvrent un univers qu’ils n’imaginaient pas forcément aussi accessible. “Je veux qu’on arrête de penser que faire appel à un artisan, c’est forcément cher !” Pour preuve, le tapissier propose le “canap’ à 100 balles” : un fauteuil fait de récup d’anciens tissus, matelas ou matières de rembourrage et complètement personnalisable.

Roi de la récup’

Je récupère tout ce que je trouve ! sourit le tapissier. J’achète aussi aux puces et dans les salles des ventes, c’est une passion. D’ailleurs, chez moi, à part l’électroménager, je n’ai que des objets anciens !” Dans sa boutique, les clients arrivent tantôt avec une armature de fauteuil à refaire complètement, ou entrent suite à un coup de cœur avec un abat-jour ou un meuble exposé en vitrine. “La cave de l’atelier est pleine de structures de fauteuils prêts à être garnies et habillées : les clients n’ont plus qu’à choisir leur tissu ou à apporter le leur.”

Et à s’armer d’un peu de patience : le carnet de commande d’Alexis est complet pour les six prochains mois !

Se lancer dans l’entreprenariat ?

On n’a pas tous un métier qui permette d’être indépendant, mais si on est bien entouré et prêt à travailler beaucoup, je le conseille ! Et d’autant plus quand on est jeune : on n’a rien à perdre, si ça ne fonctionne pas, on fait autre chose, ça ne laisse personne sur le carreau…”

Choisir l’artisanat ?

Il faudrait plus de gens dans les métiers de l’artisanat… essayez de trouver un ébéniste à Lille ! C’est dommage, les artisans c’est l’économie locale… Et quand on voit le nombre de reconversions adultes vers ces métiers, c’est qu’on part trop souvent dans la mauvaise direction au départ !”