Sujet : réaliser, en 7 heures, un pot à lait de ferme en acier de forme cylindrique, coiffé d’un couvercle amovible et muni d’une poignée. Pour la sélection régionale “Chaudronnerie” des Olympiades des métiers, les jurés ont réservé aux candidats une épreuve à la hauteur de leur talent.

9 h : après une explication initiale du sujet pendant 30 minutes, avec le jury et l’ensemble des jeunes en compétition, place au concours. Chaque concurrent est libre d’occuper son temps comme il le souhaite et dispose de nombreuses machines pour venir à bout du sujet concocté par le jury.

Il y a, bien sûr, de nombreux pièges. Par exemple, nous pouvons rajouter des difficultés en cours de route… Je suis curieux d’ailleurs de voir quelles machines vont être utilisées. Il y en a quelques-unes qui n’ont aucune utilité pour ce type de réalisation“, glisse un juré dans un sourire.

Dans les conditions réelles de travail

10 h : dans l’atelier, le bruit s’invite dans les espaces de travail, mais chacun des finalistes opère avec calme et minutie. Auprès de la presse, Alexandre manie avec précaution son morceau d’acier. Sur le plan de travail voisin, Claude a entamé les soudures de son cylindre. Quant à Aurélien, le seul demandeur d’emploi à participer à l’épreuve et bien décidé à faire ses preuves, il modèle la forme du couvercle de son pot à lait avec un maillet.

Les chaudronniers qui concourent aujourd’hui évoluent dans les mêmes conditions de travail que dans une entreprise ou dans une usine. C’est donc très formateur, pour les examens à venir d’abord, et pour la suite de leur carrière, explique Xavier Dubruille, formateur chez Promeo Amiens et juré de la sélection. Ajoutez à cela une notoriété grandissante de cette compétition, que les employeurs repèrent très vite sur les CV, et vous avez obligatoirement des jeunes ultra-motivés et désireux de bien faire.

Tout le savoir-faire du chaudronnier dans un pot à lait

14 h : Bien dans sa bulle, Thomas suit un planning très précis, qu’il a affiné avant de se lancer. Son pot prêt et parfaitement exécuté, il se charge de la partie amovible du chapeau de son pot à lait. La pression des Olympiades, le jeune homme la connaît : c’était déjà lui qui représentait les Hauts-de-France lors des finales nationales des Olympiades des métiers, organisées à Bordeaux du 9 au 11 mars 2017. Très à l’aise, il enchaîne les bonnes performances sous l’œil attentif des professionnels venus assister aux sélections.

Grégoire et Anthony, eux, découvrent la compétition et ont à cœur de briller. Méthodiquement, ils appliquent les règles de leur art, appris dans leur CFA et dans les entreprises qui les emploient. Une application que remarquent les jurés, comme les autres compétiteurs. Pour réaliser l’œuvre imposée dans les sept heures imparties, différentes techniques propres au métier de chaudronnier sont indispensables : le roulage, le pliage, le cintrage. “C’est la base de la chaudronnerie ! Ces techniques, une fois que les jeunes les ont acquises, ils les utiliseront tout au long de leur vie, avoue Xavier Dubruille, qui scrute les moindres détails des réalisations. Comme pour chaque épreuve inscrite au programme des Olympiades des métiers, rien n’est laissé au hasard et tout est noté, du pliage à la soudure en passant par la qualité du perçage. La décision finale se joue souvent sur un détail, une finition, une soudure mieux réalisée que les autres. C’est le charme – et le côté cruel – de ce genre de concours…

Nouvelle aventure pour Thomas !

17 h : le jury se met à l’écart pour noter, juger, trancher, départager. Quelques minutes plus tard, le verdict tombe et un apprenti reçoit le titre de champion des Hauts-de-France. Seul sur la plus haute marche du podium, la médaille d’or autour du cou, Thomas – encore lui – pense déjà à la suite…